La passion de l’objet… et des humains

©Gaël Dupret, France, Paris le 22-03-2017 : Portrait de dirigeant Photo : Emmanuel MOYRAND, président et co-fondateur de MONUMA. Emmanuel MOYRAND, president and co-founder of MONUMA.

©Gaël Dupret, France, Paris le
22-03-2017 : Emmanuel MOYRAND

Je suis un passionné de « petits cailloux ». Depuis 20 ans j’achète des pierres brutes et je les taille. Cette passion est un pont entre mon hobby personnel, j’aime comprendre ce qu’il y a dans une pierre, et mon métier, dans lequel, la même pierre, je l’analyse.

C’est petit que je suis tombé dans la passion de l’objet. Elle fut initiée par mon grand-père qui m’emmenait en salle des ventes pendant mon enfance. Ce qui m’a toujours guidé, c’est le fait de vouloir comprendre pourquoi les objets étaient fait de cette façon, pourquoi ils avaient tel prix… Les gens ne collectionnent pas des objets par hasard, c’est la rencontre entre la production d’un artiste et d’un passionné. Et j’aime découvrir la passion des collectionneurs.

Quel est ton parcours ?

En tant que passionné, j’ai fait des études d’art à l’école du Louvre par ce que c’était la porte d’entrée. J’ai continué en même temps par une maitrise de droit parce que cela était une garantie familiale incontournable. Il parait que faire du droit ça te pose un petit peu… ça n’a pas fonctionné sur moi ! Finalement je suis parti à Londres pour travailler chez Christie’s pendant 3 ans, pour revenir ensuite à paris.

L’histoire du gros sandwich…

Trouver un job en Angleterre n’est pas simple. Je suis arrivé dans le hall d’entrée de Christie’s avec un gros sandwich. Pendant 3 jours ils m’ont vu manger tous les midis. Le 3ème jour, ils m’ont demandé de partir. Je leur ai dit que je reviendrais tant qu’ils ne me donneraient pas du travail. Je suis revenu le lendemain et ils m’ont engagé comme porteur. C’était vraiment très intéressant : tu es celui qui met en place les objets dans la vente, tu les touches, tu les vois… puis j’ai été pris comme stagiaire et enfin embauché, mais gratuitement !

Travailler chez Christie’s permet d’apprendre le métier, rencontrer des personnes du monde de l’art, etc. En contrepartie de cette expérience unique, beaucoup de personnes du département Immobilier où je travaillais, acceptaient d’être bénévoles. Donc pendant 2 ans le jour j’étais chez Christie’s et le soir chez Figaret pour payer mon appartement à Londres.

…et de la photo des diamants

Retour en France, avec ma femme nous partons à Lyon pour son internat de médecine et je travaille en salle des ventes. Lors d’un trajet Lyon-Paris en TGV, je rencontre un homme qui avait des diamants sur papier. Je m’y intéresse et discutons de son métier : il est expert en diamant pour les assurances. Je lui dis que je veux changer de métier et que j’ai besoin de ses conseils. Trois jours plus tard, après un entretien d’embauche à Levallois-Perret je commence ma carrière comme expert d’assurance chez Crawford une compagnie américaine basée à Grenoble, puis à Lyon.

Intrapreneur dans le vol

Le monde de l’expert d’assurance c’est 80% d’expert en bâtiment et un petit pourcentage d’experts en objets. En 2011 j’ai eu la chance de pouvoir développer ma petite filiale en tant qu’intrapreneur dans mon groupe et de conserver mon salaire. Pendant 5 ans l’aventure était belle, mais le Quand j’ai voulu me lancer dans le numérique, j’avais besoin d’un budget de développement qui a été refusé.

Créateur de la certification vol

Pendant 4 ans, avec 4 autres responsables des réseaux vols d’autres assurances nous avons créé LA certification vol. C’est une accréditation que te donne l’assureur pour gérer des dossiers importants. Nous avons travaillé ensemble pour monter le référentiel, l’examen, etc. Ce travail de 4 ans est aujourd’hui utilisé par toutes les grandes sociétés d’assurance nationales.

La team de MONUMA était née…

©Gaël Dupret, France, Paris le 22-03-2017 : Portrait de dirigeant Photo : Emmanuel MOYRAND, président et co-fondateur de MONUMA. Emmanuel MOYRAND, president and co-founder of MONUMA.

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22-03-2017 : Photo : Emmanuel MOYRAND.

Quand, pendant 4 ans, tu bosses 1 fois par mois avec les mêmes 4 personnes tu apprends à les connaitre et les liens se créent. On a pris conscience qu’il nous serait bien plus bénéfiques d’être associés. Sur les 5 experts, nous sommes plusieurs à avoir démissionnés pour lancer MONUMA.
C’est une aventure de dingue parce qu’aujourd’hui la théorie du secteur dit que tu ne peux pas travailler pour les assurances et les banques s’il n’y a pas 1000 ou 2000 personnes dans la structure. Nous, à 3 experts, on a créé quelque chose de complètement différent, une application blockchain pour faire l’expertise à distance dans le monde entier grâce à nos compétences.

Mon métier c’est « facilitateur », c’est être « accompagnateur patrimonial ». En fait le terme n’est pas défini car on a créé un nouveau métier. Hier, mon métier, c’était un expert qui se déplaçait avec un crayon de papier pour faire une expertise aujourd’hui le client avec notre application me donne les éléments pour faire l’expertise à distance et je ne me déplace que si c’est nécessaire.

MONUMA ?

C’est un pont entre le MONUment, le patrimoine (la collection) et NUMA le numérique. C’est une application qui permet, grâce à un système blockchain intégré, de prendre des photos dans lesquelles sont intégrées un sceau numérique afin de les sécuriser et de les identifier de façon précise et fiable (géolocalisation, heurodatation, identité du photographe, etc.).

La photo ne transite pas sur les réseaux sociaux ou sur le net, je la reçois de manière cryptée directement sur mon ordinateur. Je fais mon travail d’expertise et de constat, puis je transmets le rapport à mon client en utilisant à nouveau le cryptage, via l’application. Nos correspondances sont donc parfaitement sécurisées grâce à cette application blockchain.

Géolocalisation obligatoire ?

Oui, aujourd’hui si tu veux bénéficier du sceau de certification de mon expertise, il te faut utiliser l’application dans ton smartphone pour bénéficier de la blockchain. Demain tu pourras l’installer sur ton ordinateur, comme avec le système d’exploitation Windows 10 et bénéficier de ce sceau de certification.

Un vrai couteau suisse

©Gaël Dupret, France, Paris le 22-03-2017 : Portrait de dirigeant Photo : Emmanuel MOYRAND, président et co-fondateur de MONUMA. Emmanuel MOYRAND, president and co-founder of MONUMA.

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22-03-2017 : Emmanuel MOYRAND

Avec MONUMA, je peux faire des constats numériques. Quand un huissier de justice, qui coute 500 €, met 3 jours pour venir, moi je peux fournir un constat dans les 24 heures qui a une valeur devant un tribunal. Je fais aussi des audits de risques : s’il y a des risques mécaniques, électroniques, d’inondation, etc. je peux dire ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Je peux également faire la valorisation de tous tes biens mobiliers et immobilier, ou d’un seul objet précis. Je peux donner la valeur du ou des biens et ce qu’il faut faire en cas de sinistre. Cette application multi-usage, est un couteau suisse qui repose sur la technologie (la blockchain) et sur l’humain (les 3 experts MONUMA et ceux qui vont venir derrière).

La solution que je propose repose sur 3 briques :

MONUMA Rubis : C’est de la prévention, on audite le risque environnemental et on valorise les biens, notamment en fournissant les certificats.

MONUMA Saphir : C’est de la protection, on s’assure que ta collection est protégée grâce à un panel de services (protections, conservation, transports, restauration, etc.). On protège le client également car si le collectionneur ou le dirigeant a un problème, alors la collection aussi a un problème. On parle notamment d’e-réputation, du cyber-risque. On protège le collectionneur ou le dirigeant et ses données.

MONUMA Onyx : En cas de sinistre (inondation, vol, incendie…), nous allons pouvoir intervenir très vite pour évaluer les dégâts, sauver les objets et trouver des solutions innovantes que le contrat assurance ne rembourse pas.

MONUMA c’est un pont entre des compétences.

Je travaille sur d’autres outils comme l’offre MONUMA Image que l’on monte avec l’Atelier Gaël Dupret : j’ai besoin de tes compétences pour mettre en valeur la collection d’une personne, d’une entreprise, fondation, institution…

Quels sont tes clients ?

Aujourd’hui mes clients sont les banquiers, les assureurs, les courtiers qui prennent les abonnements pour offrir l’accès à mon application à leurs clients. Ce sont aussi les grands groupes, les fondations, les musées qui ont souvent beaucoup d’objets.

Je travaille également pour les transporteurs qui ont un vrai problème de responsabilité quand ils cassent un objet. Aujourd’hui ce qui est collectible devient mobile, les gens les transportent de plus en plus, les change d’endroit, et l’assurance ne suit pas.

Je peux aussi travailler avec des particuliers en direct. Demain une personne possédant une cave prend en photo 50 bouteilles de vin importantes et me les transmet, je pourrais lui faire un abonnement pour ces 50 objets. C’est très simple.

Combien de temps pour expertiser ?

Toute demande d’expertise d’objets est traitée en maximum en 48h, hors cas particulier. Cette rapidité est rendue possible par notre application, nos processus de travail interne et notre expérience d’expert.

Les limites ?

Elle vient de l’objet lui-même : un diamant par exemple doit être vu pour être analysé. Si c’est de la très haute joaillerie, c’est du sur-mesure et on déplace un expert. La seule manière d’authentifier un Picasso c’est le certificat original. Sans ce document, l’authentification n’est pas possible.

Falsification de documents ?

Il y a beaucoup de documents falsifiés, certificats, diplômes, contrats…. L’intérêt avec mon application blockchain c’est qu’une fois le document original photographié, un sceau numérique est intégré sur la photo et on sait que c’est la photo du vrai document. Cela devient une preuve matérielle. La photo du tableau plus celle du certificat par l’appli facilite l’expertise.

Et si le certificat photographié avec ton appli est un faux ?

Sur le certificat il y a un numéro et il suffit juste d’appeler l’institut émetteur qui valide par mail la bonne émission ou la contrefaçon de celui-ci. Nous avons déjà été en présence de faux certificats déjoué par cette simple vérification.

Qu’est ce qui t’a amené sur le chemin de l’expertise ?

Ce qui m’intéresse dans l’expertise c’est plus de valoriser que de vendre.  Contrairement aux commissaires-priseurs quand je donne un prix, je suis indépendant de toute vente. Je ne suis pas juge et partie. Le côté assurance, c’est prévenir le risque, aider les gens à se protéger et surtout être là quand il y a un problème.

Un contrat est fait pour te protéger et rembourser si besoin et pendant longtemps l’assureur a tout fait pour ne pas payer. Aujourd’hui après plusieurs procès l’optique des assureurs a changé et ils préfèrent que cela se passe bien et favorise la relation client. MONUMA a un rôle à jouer, grâce à nos connaissances qui englobent contrat, la valorisation du bien, sa protection et le client.

Ça te fait quoi de voir régulièrement des œuvres ? Es-tu blasé ?

Non pas du tout ! Je reste émerveillé et je découvre souvent des objets que je ne connaissais pas. C’est un métier où il y a beaucoup de recherches, je dois comprendre pourquoi la personne les a achetés, comprendre l’artiste en lui-même et c’est encore plus puissant avec l’art contemporain. Quelqu’un qui achète une œuvre c’est souvent un passionné et rarement un spéculatif. Il achète quelque chose qui est futile et qui n’est pas nécessaire pour sa vie. Mais il va se faire plaisir. Quand tu es dans la passion des gens, tu as des échanges et les collectionneurs ne sont jamais blasés et me permettent de découvrir tant de choses, comment pourrais-je être blasé ?

Le mot de la fin ?

Pour moi c’est plutôt le mot du commencement car je viens de lancer MONUMA, l’aventure débute !