Focus On de Claude Quenault

1ère partie : mon parcours, mes projets

Mon enfance

©Gaël Dupret, France, Paris le 18-01-2017 : Portrait de Dirigeant Photo : Claude Quenault, ancient communicant pour le Parti Socialiste. Il a notamment travaillé pour Michel Rocard, Roger Bambuck et Alain Calmat. Il a mis en place les projets "Cap sur l’Avenir" et "Un train pour la paix" ainsi que la nouvelle confédération des MJC - Maison des Jeunes et de la Culture. Claude Quenault, former communicator for the Socialist Party. He has worked for Michel Rocard, Roger Bambuck and Alain Calmat. It has implemented projects "Moving Forward" and "A train for peace" and the new confederation of MJC - House of Youth and Culture. Claude Quenault, former communicator for the Socialist Party. He has worked for Michel Rocard, Roger Bambuck and Alain Calmat. It has implemented projects "Moving Forward" and "A train for peace" and the new confederation of MJC - House of Youth and Culture.

Je suis né à Caen en 1940 en pleine 2nde guerre mondiale, je suis l’ainé d’une famille populaire de 5 enfants. Mon père était prisonnier et je ne l’ai connu qu’à l’âge de 4 ans. J’ai beaucoup bougé pendant mon enfance : j’ai d’abord été placé chez des tantes et grands-mères en milieu rural, ensuite, je suis retourné vivre un temps avec mes parents, puis on m’a envoyé dans un internat et orphelinat tenu par des pères « Don Bosco » (congrégation des Salésiens de Don Bosco NDLR) pendant 4 ans à Giel (Giel-Courteilles NDLR) près d’Argentan. Au bout de 4 ans, j’ai pris une valise, une paire de draps, et je me suis fait la malle ! A l’époque mes parents vivaient au Mans, avec mes 4 frères et sœurs avec qui je n’avais quasiment pas vécu. J’y suis resté 2-3 ans à la cité des Pins, à côte du circuit des 24heures du Mans. A 10 – 13 ans, pour me faire un peu d’argent, je ramassais les pommes de pin pour faire du chauffage. Je récupérais aussi la ferraille, les vieux papiers, les vieux chiffons dans les poubelles pour me payer un vélo.  A 14 ans mes parents m’ont retiré du cours complémentaire en 5ème et je suis parti 3 ans en apprentissage à Satory jusqu’à mon CAP de motoriste. Puis ouvrier d’état dans les arsenaux jusqu’à 20 ans.

La guerre d’Algérie…

A 20 ans je suis appelé à la guerre d’Algérie où je passe 2 ans ½ sans revenir en France. Refus de ma part d’y partir, j’ai même fait un peu de taule militaire et on m’a envoyé dans un bataillon de marche, dans le sud du pays. J’étais déjà un sportif de bon niveau et grâce à une rencontre j’ai eu la chance de revenir à Oran dans la compagnie des sports. Mes connaissances en arts martiaux m’ont ensuite permis de rentrer dans la police militaire comme entraineur sportif. J’ai également participé à la sécurité des plages (maitre-nageur) autour d’Oran où les militaires en permission venaient se baigner. J’ai aussi fait beaucoup de championnats sportifs… On peut dire que la guerre d’Algérie je ne l’ai pas faite avec un fusil mais plutôt avec des palmes et des baskets… je courais surtout après les médailles !

… et la rencontre de l’amour

Pendant ces années de guerre, j’ai rencontré une jeune lycéenne de 17 ans ½. On s’est fréquenté joyeusement au point de se marier en Algérie. Nous sommes rentrés en France 2 mois avant qu’elle n’accouche et c’est ainsi que j’ai eu mon premier fils. A notre retour en France, je suis retourné travailler en usine comme dessinateur industriel. Nous habitions un petit studio à Saint-Mandé, et ma femme a commencé des cours par correspondance pour réussir le bac Philo et elle est rapidement devenue institutrice. Après nous sommes allé habiter à Stains à côté de Sarcelles.

Le début des projets et de la démesure… à Sarcelles tout d’abord

©Gaël Dupret, France, Paris le 18-01-2017 : Portrait de Dirigeant Photo : Claude Quenault, ancient communicant pour le Parti Socialiste. Il a notamment travaillé pour Michel Rocard, Roger Bambuck et Alain Calmat. Il a mis en place les projets "Cap sur l’Avenir" et "Un train pour la paix" ainsi que la nouvelle confédération des MJC - Maison des Jeunes et de la Culture. Claude Quenault, former communicator for the Socialist Party. He has worked for Michel Rocard, Roger Bambuck and Alain Calmat. It has implemented projects "Moving Forward" and "A train for peace" and the new confederation of MJC - House of Youth and Culture. Claude Quenault, former communicator for the Socialist Party. He has worked for Michel Rocard, Roger Bambuck and Alain Calmat. It has implemented projects "Moving Forward" and "A train for peace" and the new confederation of MJC - House of Youth and Culture.

Une maison de jeunes (MJC) s’est ouverte à Sarcelles et, tout en travaillant comme dessinateur industriel, je m’y suis impliqué comme bénévole. J’ai mis en place les activités sportives comme le canoë-kayak ou le judo entre autres, et j’organisais des sorties en car pour aller au bord de la mer à Fort-Mahon. En parallèle je m’encarte au PSU  et c’est là que je rencontre Michel Rocard dans les années 65 pour la première fois.

Dans les années 65 toujours je rencontre un homme qui a eu beaucoup d’importance dans ma vie : Claude Prieux , directeur et responsable des MJC. Il m’a incité à arrêter l’usine pour présenter le concours des directeurs de maison de jeunes malgré mon simple CAP j’ai réussi le concours. Après 2 ans de formation à l’Institut National de l’Education Populaire à Marly-le-Roi, mon diplôme en poche je suis revenu à Sarcelles pour ouvrir une deuxième maison de jeunes. Et c’est là que tout a commencé !
Ce fut le début de la folie et de la démesure. En 1968, nous organisons un festival mondial du cinéma avec Jean-Luc Godard. Je loue un chapiteau, des autobus de la RATP pour amener les journalistes parisiens à Sarcelles. Le soir, des comédiens font des nuits blanches d’humour à la MJC, j’ai fait de belles rencontres : des intellectuels, des comédiens…

Puis on a créé un Ciné-Club, organisé beaucoup d’activités extérieures, comme par exemple les week-ends dans les centres de vacances de l’usine Renault avec différentes activités comme de la danse avec des motos. C’était très effervescent ! 68 est arrivé, je me suis jeté dans la bagarre côté manifestants et ma fille est née le 1er mai ! (c’était un signe).

Puis Conflans Saint Honorine (1971)

J’ai milité au PSU jusqu’à me présenter contre la municipalité communiste de Sarcelles avec un type extraordinaire qui s’appelait Claude Neuchevander. Notre liste d’action socialiste a perdu ; et comme, à l’époque, la fédération des maisons de jeunes était pro-communiste et cégétiste ils m’ont envoyé à Conflans-Ste-Honorine dès la fin des élections de 1971. C’était une petite ville, avec un axe très fort autour de la batellerie. Tout de suite on a réalisé un film pour connaitre ce milieu et j’ai monté un club de plongée. Nous participons aux premières éditions du festival « Je ne veux pas bronzer idiot » de Tabarka  où j’avais amené des jeunes en séjour. A mon arrivée, la MJC comptait 200 adhérents, 3 ans après il y en avait 1000.

En 1976, Michel Rocard, alors député des Yvelines, et Jean-Paul Huchon cherchaient une ville pour vivre une réalité locale. Je les accueille et le conseil d’administration de la MJC est devenu à 80% le conseil municipal quand on a gagné les élections municipales avec Rocard en 1977. Cette rencontre avec Rocard, 10 ans après l’avoir vu la première fois, a été extraordinaire, je suis rapidement devenu son conseiller sur les politiques jeunesse et sport.

A Conflans il n’y avait pas de théâtre, et en réfléchissant avec Michel Rocard, nous avons eu l’idée de créer un festival d’humour. Ce fut le premier festival de café-théâtre à l’époque de Bedos et Devos. Nous avons pu y voir des artistes faire leurs premiers pas comme Michel Boujenah, Muriel Robin, Smain. Là encore ce fut riche en rencontre, comme Coluche, le café de la gare… et j’avais toujours de nouvelles idées.

Cap sur l’Avenir : direction le Québec

En 1984 a lieu le 450ème anniversaire de la découverte du Québec par Jacques Cartier, je monte le projet « Cap sur l’Avenir » : le paquebot « le Mermoz » avec 300 québécois et 300 français qui traversent l’Atlantique de Québec à Saint-Malo ! Avec un budget : 2,5 million de francs, le projet est monté en 6 mois. Les jeunes participent à un concours de projets, en mini groupe de 4 à 5 comme une micro entreprise, dans les domaines de la culture, de la musique, de l’écologie et de la création artistiques.

Un train pour la paix : vers la Chine

1984, M Rocard vient de changer de ministère et au conseil des ministres il est assis à côté d’Alain Calmat, Ministre de la jeunesse et des sports, ancien patineur et champion du monde…. Michel lui dit « j’ai un animateur, chez moi qui dirige la MJC, il est formidable, tu devrais le rencontrer. » J’ai rdv, et j’arrive avec un nouveau projet impulsé par une idée de ma fille : un voyage en train reliant la France à la Chine pour l’année 1985, année internationale de la jeunesse. Je suis nommé au cabinet du Ministre comme conseiller technique. En 8 mois, ce projet est monté, un train de 19 wagons est affrété, et 450 jeunes prennent part à l’aventure « un train Paris Pékin ».

Mais en 1985 M Rocard démissionne à cause de l’instauration de la proportionnelle à l’Assemblée Nationale. Pour le grand départ, nous organisons donc 2 cérémonies : la première à Conflans avec Michel Rocard et la seconde à Saint Lazare sans lui. La presse est présente : 60 journalistes sont à bord du train, par exemple Alain Ammar, l’émission de télévision Temps X, Marine Muller qui était chez Le Matin de Paris, La Croix, Le Figaro, l’Humanité, Libération, etc. Les journalistes étaient fous de joie : c’était la première fois que les russes et les chinois laissaient passer 250 caméras vidéo sur leur territoire.

A notre grande surprise, les chinois en ont fait un évènement international et ont déclaré que c’était l’ouverture de la Chine à l’Occident. Je suis reçu comme un chef d’état, en audience privée par Xiao Yang. Il me demande ce que j’ai ressenti lors de mon entrée en Chine. Je lui confie que j’ai pleuré à la frontière quand il y a eu cette centaine de petites filles, avec des fleurs et de la musique ; et que je me suis fait la réflexion que « j’espère qu’on ne transformera pas les fleurs en mitraillettes ». Il m’a touché la main et m’a dit « c’est extraordinaire ce que vous me dites là ». Ce fut 10 jours de folie, tous les jours il y avait 12 cars qui emmenait les jeunes visiter les infrastructures industrielles, les lieux culturels, l’opéra de Pékin, etc.

25 ans après, j’ai retrouvé 200 de ces jeunes, sur une toute autre opération, ils avaient une cinquantaine d’années et m’ont tous dit c’était le voyage de leur vie…

L’OFQJ : L’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse

En 1989 Michel Rocard est Premier Ministre, moi je suis au cabinet de Roger Bambuck et suite aux rotations de poste, il y a un poste vacant, celui de secrétaire général de l’OFQJ. Michel me dit que c’est le poste qu’il me fallait. Je suis reçu par Mr Mitterrand qui doit signer cette nomination, il me dit : «Ah oui vous êtes l’homme du Québec et du Paris-Pékin, ça vous ira très bien le Québec ». Pendant 4 ans je monte des projets Franco-Quebecois, notamment avec René Metge comme la traversée du Québec en motoneige avec des indiens, et j’organise des échanges entre des lycéens des 2 pays.

Création de la nouvelle confédération des MJC de

France

En 1993, Michèle Alliot-Marie, ministre de la jeunesse et des sports, me reçoit pour me dire que mon contrat ne sera pas renouvelé alors que j’aurai pu faire un 2ème mandat. Néanmoins, la nouvelle ministre de la jeunesse et des sports, me dit que j’ai été loyal et qu’ils vont « s’occuper de ma carrière ». Il existait des conflits entre les différentes fédérations de maisons de jeunes, on me donne un budget conséquent pour créer une nouvelle confédération de MJC dont je deviens pendant 4 ans le nouveau directeur et je m’attelle à rassembler, à recréer de la cohésion. Nous avons créé la nouvelle confédération des MJC de France.

La retraite

En 1998, j’ai 58 ans et cela fait 44 ans que je travaille et que je me forme. M Jospin est premier ministre, M Valls est à son cabinet et moi je prends ma retraite. Mais l’équipe de M Badinter qui organise les rencontres de la Villette me sollicite. Je participe alors aux rencontres de la Villette comme chargé de mission pour l’anniversaire de la déclaration des droits de l’homme. J’ai fait venir 2000 jeunes de toute la France, des clubs citoyens, des lycées… Ce fut extraordinaire. Et j’ai enfin pris ma retraite, ce qui veut dire que j’ai continué à faire pleins de choses…

2ème partie : la politique

Mon regard sur la politique actuelle

©Gaël Dupret, France, Paris le 18-01-2017 : Portrait de Dirigeant Photo : Claude Quenault, ancient communicant pour le Parti Socialiste. Il a notamment travaillé pour Michel Rocard, Roger Bambuck et Alain Calmat. Il a mis en place les projets "Cap sur l’Avenir" et "Un train pour la paix" ainsi que la nouvelle confédération des MJC - Maison des Jeunes et de la Culture. Claude Quenault, former communicator for the Socialist Party. He has worked for Michel Rocard, Roger Bambuck and Alain Calmat. It has implemented projects "Moving Forward" and "A train for peace" and the new confederation of MJC - House of Youth and Culture. Claude Quenault, former communicator for the Socialist Party. He has worked for Michel Rocard, Roger Bambuck and Alain Calmat. It has implemented projects "Moving Forward" and "A train for peace" and the new confederation of MJC - House of Youth and Culture.

Vaste sujet, je pense que je pourrai écrire un livre qui s’appellerait « les frères ennemis » ou « la bataille des égos » …

En 1981 on disait que l’Assemblée Nationale était remplie d’enseignants. En 2017 un corps de politiciens élitiste semble avoir été créé. Voici globalement le parcours d’un socialiste : étudiant, il est à l’UNEF puis aux MJS (NDLR : Mouvement des Jeunes Socialistes), entre les deux il fait Sciences Po et l’ENA. Tous les anciens élèves se soutiennent dans un lobby consanguin, prennent les postes des administrations centrales, des ministères. Résultat on a une classe politique d’apparatchiks qui ne font que ça toute leur vie. Par exemple : la promotion Voltaire du Président Hollande est actuellement au pouvoir, avant c’était la promotion des polytechniciens qui dominait les grandes activités du CAC 40, l’énergie, le nucléaire… Il nous faudrait des élus issus de la société civile.

Il ne faut plus se faire d’illusion sur l’intérêt général, ils défendent l’intérêt particulier : leur carrière, leur trajectoire… Très sincèrement, dans le milieu politique, j’ai eu la chance de rencontrer l’équipe de Rocard, qui était extraordinaire, dans la fidélité surtout, mais les autres m’ont souvent déçu. Je suis un vieux militant, j’avoue que j’ai beaucoup de mal à cautionner la politique actuelle. Je comprends la désillusion de nombreux français… Il n’y a plus de militants. Sauf quelques exceptions, les jeunes n’ont pas envie de militer… D’ailleurs, les jeunes que je fréquente encore me disent « Claude tu plaisantes ! ».
Quand une multinationale ferme une usine en Moselle parce que la main d’œuvre est moins chère en Pologne, ça veut dire qu’il y a un vrai problème d’industrialisation. On ne maitrise pas, aucun politique ne maitrise la nouvelle donne des emplois. Certes il y a maintenant l’Uberisation de l’économie et les nouvelles générations vont aller vers une nouvelle forme de choix de métier. Mais la donne industrielle est complètement saccagée et ça, ni la gauche ni la droite n’est capable de la maitriser, et malheureusement ce ne sont pas nos dirigeants qui en payent les pots cassés, mais ces trop nombreux français qui se retrouvent en grande difficulté. Il y a trop de postures individuelles et non collectives pour la lutte contre le chômage et la pauvreté. Je suis malade quand je vois des gens qui dorment dans la rue, parfois avec leurs enfants en bas âge.

Entre ballades en limousine, supers voyages et trains de vie faramineux, je suis très pessimiste sur la classe politique actuelle. Nos élus nationaux ne vivent que de l’argent public au nom d’une démocratie incertaine. C’est n’importe quoi ! Les hommes politiques devraient pouvoir rassembler autour d’eux des électeurs qui croient en leur vision, leurs projets. Au lieu de cela, ils semblent tous si loin des préoccupations et des inquiétudes des français… Certains sont élus depuis plus de 40 ans.
Quand on regarde les photographies de l’Assemblée Nationale ou du Sénat, c’est presque une maison de retraite ! On devrait mettre des limites d’âge. Que les anciens politiques qui se sont auto-proclamés indispensable retournent à la vie civile ! S’ils veulent rester actifs qu’ils s’investissent dans les associations, partagent leurs connaissances avec les plus jeune, etc. Je pense que 60 ans serait le bon âge pour arrêter. Moi j’ai 77 ans bientôt, je suis en pleine forme, mais je ne me verrai pas sur un banc de l’assemblée Nationale, il faut savoir laisser la place et devenir plutôt un militant associatif…

La communication en politique

J’ai beaucoup travaillé avec Michel Rocard. J’ai écrit certains discours, on discutait ensemble et notamment sur les projets que l’on avait. Je réunissais des groupes de jeunes pour des trainings avec Michel Rocard, sur les différents aspects de la vie sociale des jeunes. Cela permettait de ne pas trop s’éloigner de ces citoyens, de conserver un lien avec les jeunes. Aujourd’hui, chaque homme politique devrait avoir à ses côtés un jeune de 18 ans pour le conseiller sur les attendus de la nouvelle génération.
Mr Rocard avait un problème : il pensait trop vite et il mettait le débit de sa parole au rythme de sa pensée. Il avait donc un débit tellement rapide que l’on avait du mal à suivre. Je m’aperçois lorsque j’écoute les émissions de radio de France Inter par exemple, que la nouvelle génération comme Augustin Trapenard parle toujours trop vite, les gens n’ont pas le temps de capter, et quand il donne des informations comme le nom d’un auteur, d’un livre, on ne peut pas les noter, une partie de l’information est perdue. Un conseiller en communication et en image est donc indispensable pour que le message puisse bien passer.

Avec Éric Lejoindre, Maire du 18ème arrondissement de Paris, que j’ai coaché bénévolement pendant quelques semaines sur les prises de parole avant les municipales : ce jeune homme de 33 ans prend la succession de Daniel Vaillant, un ministre qui avait une certaine prestance. Nous avons étudié son image, comment il se présentait, comment étaient ses discours, ses rencontres avec les habitants… et là on s’est aperçu que Mr Vaillant était toujours devant et Éric toujours derrière. Cela nous a permis de travailler sur ces points précis afin que les messages qu’il voulait délivrer ne soient pas parasités et bien entendus des électeurs.

Les attitudes personnelles sont scrutées à la loupe. Je connais beaucoup d’hommes politique qui vous serrent la main et en même temps regardent à côté ou qui ne se souviennent pas du nom des gens ; ou le politicien qui reçoit une lettre et la donne sans la lire à son conseiller. Les politiques n’ont plus la capacité de rentrer dans le champ affectif des gens sur le plan individuel. Cette capacité a presque complètement disparu. Le 14ème arrondissement c’est plus de 100 000 habitants et Pierre Castagnou, l’ancien maire, avait cette capacité incroyable de connaissance des gens comme l’avaient Rocard.

Les réseaux sociaux

Les meetings sont toujours à l’ancienne et ne sont pas interactifs : je vous livre mon message, à vous de le digérer. Sous la présidence de Mr Hollande ils ont essayé ; mais ce fut une catastrophe car aucune modération des publications n’avait été pensée. Les hommes politique actuels d’un certain niveau doivent savoir s’entourer d’une équipe pour gérer cet outil qui permet aujourd’hui de toucher un grand nombre de personnes et de laisser une trace.
Les réseaux sociaux sont d’une complexité incroyable. Plus j’avance (je me suis mis sur Facebook pour voir ce que c’est) plus je m’aperçois qu’il faudrait faire des formations courtes, de sensibilisation de l’ordre d’un week-end sur la manipulation et la connaissance du réseau social. J’ai fait une session de formation à Solferino comme formateur pour les jeunes élus. Conclusion, ils sont en périphérie des réseaux sociaux mais ils ne sont pas dedans comme les jeunes actuellement. Avoir un smartphone ça ne suffit pas, il faut avoir un plan, des objectifs clairs, très ciblés et organisés.
Il faut savoir jongler avec les anciennes méthodes (le porte-à-porte, les marchés, la comm’ à tous les évènements culturels du quartier, etc.) et les nouvelles afin de toucher le plus grand nombre de personnes possible.

Sur l’iconographie,

Nos hommes politiques en costume cravate chemise sont complètement ringards pour les nouvelles générations. Aujourd’hui on garde un costume pour aller à un mariage ou à un enterrement. Pour le premier débat de la primaire, hors Sylvia Pinel ils étaient tous habillés pareil, costume, chemise blanche et cravate bleue ou rouge !  Lors d’une soirée avec Michel Rocard, j’avais mis « un portique » pour que les responsables politique présents ce soir-là puissent se décravater et la poser sur le portique. Il y a eu quelques hésitations à ce « déshabillage ». C’était une petite provocation de ma part.

Tu les aurais vu comment ?

En tenue « normale ». Certains aiment mettre des cols roulés, d’autres un t-shirt ou un polo, une petite veste rigolote, mais là c’est les années 50/60 ! Il y a 30 ans, pour le festival du Printemps de Bourges, Manuel Valls était déjà habillé d’un costume sombre, chemise blanche et cravate (il me présente une photos noir et blanc qui montre notamment Manuel Valls). Il est resté pareil. Certes pour certaines occasions, je portais cravate / chemise dans les ministères, mais la plupart du temps j’étais en Lewis, L’équipe de Laurent Fabius m’appelait l’homme en blue jeans. On vit encore sous la pression iconographique des années 60.

Qu’est ce qui va se passer sur les prochaines présidentielles ?

Je redoute le face à face Fillon / Marine Le Pen. Peut-être aura-t-on un sursaut du PS, autour de Valls pour essayer de sauver leur poste de députés, mais je suis très pessimiste, si le PS ne se remet pas très vite en question on aura au mieux une centaine de député PS à l’Assemblée Nationale après les prochaines élections législatives.

La montée du FN

Malgré les postures de la nomenklatura du Front National et les idées qu’il peut véhiculer, beaucoup de nos concitoyens se retrouvent dans leurs propos parce qu’ils ne trouvent pas de solutions et d’écho à leurs difficultés personnelles chez les autres partis politiques. Comment se reconnaître dans cette classe politicienne qui semble d’abord penser à ses avantages plutôt qu’à l’intérêt du plus grand nombre ?

Conclusion

parler-en-publicCes années ont été bien chargées. J’ai échappé à 3 guerres : celle de 40, parce j’avais 4 ans à Caen lorsqu’on a été bombardé pour le débarquement, celle d’Algérie par ce que je n’ai pas été flingué et je n’ai flingué personne  et puis celle des sexes en 68 !!!!

Je n’ai jamais arrêté, je suis devenu autodidacte par le sport et les milieux jeunes. J’ai eu le diplôme de directeur de MJC, le DCEP de l’animation socioculturelle, fait l’IUT carrières sociales en 71 et Sciences de l’Education à Nanterre. J’ai été auditeur de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes et chargé de cours à l’école d’éducateur de Buc-sur-Yvette, à l’école d’éducateur de Rezé-les-Nantes ainsi qu’à la Sorbonne Nouvelle et intervenant à l’ACI Académie Commerciale Internationale pour animer un cours d’expression orale pendant 2 ans.

J’ai été un lanceur de projets mais je ne les ai pas faits pour moi, je les ai partagés c’est ça qui était important. Si j’ai pu mener autant de projet, c’est grâce à la communication parce que je savais prendre la parole, m’exprimer. Je trouve mon chemin de vie étonnant, et puis j’ai surtout accompagné l’histoire socialiste des années 65 jusqu’à maintenant. Maintenant je suis vice-président du festival d’humour de Cannes et je viens de sortir la nouvelle version de mon livre « Parler en public c’est Facile à l’ère de la communication » !

Parler en public c’est Facile !

La première version de « Parler en public c’est facile » date de 34 ans. L’idée de cette nouvelle version est née lors d’une interview avec Alice Gastine, une jeune journaliste qui m’a dit « Claude vous avez fait un livre sur la parole en public, mais moi je suis née dans le numérique, pourquoi on en fait pas un à l’ère du numérique ? ». On l’a fait avec des partenaires emblématiques qui ont été interviewés comme Stéphane Roger fondateur de TEDxVaugirardRoad, Michèle Freud, l’arrière-petite-fille de Sigmund Freud, psychothérapeute sur le stress ou encore, Raymonde Viret, professeur de chant à l’Opéra, etc. Cette version est vraiment un livre intergénérationnel, les partenaires interviewés vont de 25 ans à plus de 90 ans.

Mes projets en cours

J’ai participé à un documentaire, qui est la réponse de la pièce de théâtre « Les monologues du Vagin » c’est un documentaire de 52 minutes, qui s’appellent « Les confidences du Pénis », c’est 5 mecs qui racontent un leur vie sentimentale et sexuelle.
Je suis en train d’écrire sur des sujets plus personnels : Francine (NDLR sa femme, la jeune lycéenne de 17 ans 1/2) se bagarre contre la maladie de parkinson, et j’écris sur les premiers signes et comment vivre cette relation.

Pour finir

Je suis toujours avec ma jeune lycéenne de 17 ans ½. Cela fait 55 ans que nous sommes ensemble et nous avons eu 2 superbes enfants : un fils qui est haut fonctionnaire dans les relations interministérielles et une fille, maitre de conférences à l’université de Rennes 2, professeur d’économie et  chercheuse en université, dans le domaine du développement durable. Je suis très fier de mon parcours, de ma vie et j’ai toujours été un peu comme a dit Le Monde « le Rebelle apprivoisé ». Ma conception du bonheur c’est qu’il faut absolument partager. Cela me parait très important. Tous les matins je me lève en me demandant quel projet je vais pouvoir mener. Dans quelques semaines, je fêterai mes 77 ans, je continue les activités sportives, canoë-kayak, roller mais j’ai arrêté la plongée.

 

Pour en savoir plus :

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Lire Parler en Public c’est Facile :
Auteurs : Alice Gastine et Claude Quenault
ISBN : 978-2-226-31696-7
Editeur : Albin Michel