Focus On de Sylvaine Parriaux – ADMICAL

©Gaël Dupret, France, Paris le 19-04-2017 : Portrait de dirigeante Photo : portrait de Sylvaine PARRIAUX, directrice générale adjointe d'ADMICAL réalisé dans son bureau. Portrait of Sylvaine PARRIAUX, deputy director general of ADMICAL realized in his office.

©Gaël Dupret/MaxPPP, France, Paris le
19-04-2017

En 70 avant JC naissait Caius Cilnius Mæcenas. Homme politique romain et proche de l’empereur Auguste, il est devenu célèbre pour avoir consacré sa fortune et son influence à promouvoir les arts et les lettres. Ainsi naquit le mécénat. Plus de 2000 ans après, cette philosophie philanthropique perdure et c’est dans un bureau du 10ème arrondissement de Paris que se situe ADMICAL l’un des acteurs historiques du mécénat en France.

Bonjour, je suis Sylvaine Parriaux, Directrice Générale adjointe chez ADMICAL. J’ai fait la première partie de ma carrière professionnelle en agences de communication de différentes tailles et, alors que mon second enfant avait à peine 2 ans, je me suis lancée dans un master de management de la RSE. J’étais en même temps bénévole pour Amnesty International pour aider à cette question du lien entre RSE et droits humains. Dans ce domaine les choses ont avancée avec notamment le vote du texte reconnaissant la responsabilité des maisons mères par rapport à leurs filiales. J’ai ensuite eu courte une expérience professionnelle chez Greenpeace qui m’a permis de découvrir le monde associatif engagé. Fin 2010 j’arrive chez ADMICAL après un passage dans une agence de fundraising.

Pourquoi ADMICAL ?

Le monde du mécénat est en lien avec le RSE, j’étais dans une phase assez ouverte professionnellement et ADMICAL correspondait à mes valeurs de générosité et de solidarité. Sur le mécénat, certes j’étais novice par rapport à l’équipe, mais on est venu me chercher sur mes compétences métier et développer le réseau des adhérents était un très beau challenge.

A mon arrivée, Francois Debiesse était membre du conseil d’administration. Quand il en est devenu Président, il m’a proposé de co-diriger ADMICAL avec une autre salariée. Ce fut une très belle et enrichissante expérience de commencer cette direction à 2. Chacune avait ses sujets, mais la gestion du projet associatif était transverse. Aujourd’hui je dirige ADMICAL avec François Debiesse comme Président Exécutif. C’est un président bénévole très impliqué dans le renouveau d’ADMICAL.  Il a impulsé une nouvelle stratégie avec une vision très moderne du mécénat et la volonté de remettre ADMICAL sur le devant de la scène.

C’est quoi ADMICAL ?

ADMICAL c’est une association reconnue d’utilité publique fondée en 1979 par Jacques Rigaud, connu

©Gaël Dupret, France, Paris le 14-03-2017 : Les 10 ans de PRODURABLE Photo : TABLE RONDE Sylvaine Parriaux (Directrice générale adjointe d'ADMICAL) et Sophie FOURCHY-SPIESSER (Directrice de la Fondation Carrefour). Sylvaine Parriaux (Deputy Managing Director of ADMICAL) and Sophie FOURCHY-SPIESSER (Director of the Carrefour Foundation).

©Gaël Dupret, France, Paris le
14-03-2017 : Les 10 ans de PRODURABLE
Photo : Sylvaine Parriaux (Directrice générale adjointe d’ADMICAL) et Sophie FOURCHY-SPIESSER (Directrice de la Fondation Carrefour).

notamment pour avoir dirigé RTL et le Musée d’Orsay. Notre mission est de donner l’envie et les moyens aux entreprises et aux entrepreneurs d’affirmer leur rôle sociétal grâce au mécénat. C’est l’un des acteurs majeurs et historique du mécénat. Elle a permis LA Loi de défiscalisation du mécénat, dite « loi Aillagon » votée en 2003, avec cet avantage fiscal unique au monde permettant une réduction d’impôt de 60%.

C’est une communauté d’entreprises et d’entrepreneurs qui pensent que le mécénat peut changer le monde, que les petites gouttes d’eaux font les grandes rivières. Le mécénat est là pour aider à l’impulsion de nouveaux projets De plus en plus de projets financés par le mécénat portent sur l’innovation sociale La notion de bienveillance et de confiance est importante dans la relation entre le mécène et le porteur de projet car il y a une prise de risque et nous vivons aujourd’hui dans une société qui n’aime pas ça.

En cela le mécénat est intéressant car il peut donner sa chance à des projets qui pourront évoluer avec le temps, dont les objectifs auront été redéfinis.

Qu’est-ce que le mécénat ?

Le mécénat c’est le fait qu’une entreprise ou un entrepreneur se mette au service d’une cause d’intérêt général. Ce qui motive l’acte de mécénat, c’est de se dire qu’on a un rôle à jouer dans la société, au-delà de son cœur de métier, de son business, d’aller plus loin. Ce rôle passe par une contribution à l’intérêt général sans recherche d’impact direct sur le business de l’entreprise.

Avant pour définir le mécénat il n’existait que l’article 238 bis du Code Général des Impôts. Depuis 2011, notre la Charte du mécénat lui donne une définition concrète et palpable. Le mécénat se représente sous 3 formes : financier, en nature ou de compétences.

Toute entreprise qui paye l’impôt sur les sociétés (IS) bénéficie d’un avantage fiscal très incitatif : une réduction d’impôt égale à 60% du montant du don sur son IS, dans la limite de 0.5% de son chiffre d’affaires. Mais il faut savoir que 45% des entreprises mécènes n’utilisent pas l’avantage fiscal !

Nombreuses sont les motivations pour l’entreprise à faire du mécénat. Incarner les valeurs de solidarité, donc contribuer à une image plus responsable de l’entreprise, fédérer les collaborateurs, renforcer leur fierté d’appartenance, développer de nouvelles relations avec les acteurs de son territoire. L’ancrage territorial est en effet une forte motivation

La différence avec le sponsoring ?

Le mécénat est un don avec contrepartie qui ne peut dépasser l’équivalent de 25% du montant du don. A la différence du sponsoring, ou parrainage, qui est une opération commerciale dont l’entreprise attend un bénéfice commercial direct, et proportionné au soutien qu’elle apporte au projet : je donne 100, j’attends 100 en retour.

Cette distinction est importante car le sponsor, ou parrain, ne bénéficie pas des mêmes avantages fiscaux que le mécène. Le mécénat est un don, tandis que le parrainage est un achat de service publicitaire. Une entreprise peut bien sûr combiner les deux pratiques.

Comment choisir son système de levée de fonds entre Sponsoring et Mécénat ?

Cela dépend de la nature du projet. Le sport invite plus naturellement au sponsoring contrairement aux causes sociales, à l’éducation ou la santé qui se prêtent davantage à du mécénat. Par ailleurs, le bénéficiaire du sponsoring doit être en capacité d’apporter les contreparties attendues par l’entreprise. Si la cause s’y prête, si le porteur de projet peut répondre à la demande de l’entreprise, c’est ensuite un choix stratégique pour lui.

Crowdfunding et Mécénat : Cannibalisme ou Complémentarité ?

C’est une complémentarité ! Pour le porteur du projet, le mécénat est une ressource historique et le crowdfunding est beaucoup plus récent.  Cette forme correspond plus à l’air du temps pour lever des fonds mais révolutionne plus le don du particulier que celui de l’entreprise. Le crowdfunding et le micro-don permettent de toucher des cibles plus jeunes et de les amener à donner plus facilement.

Qui peut bénéficier du mécénat ?

Les associations représentent la plus grande partie des structures qui bénéficient du mécénat mais ce ne sont pas les seules. Les grandes fondations, comme la fondation Abbé Pierre, sont à la fois opérateurs : ils mènent des actions et récipiendaire : ils reçoivent du mécénat.
Pour être éligible au mécénat, il faut être reconnu d’intérêt général. Pour cela, 2 grands critères sont à remplir : agir dans un domaine d’intérêt général et avoir un caractère non lucratif. Ce dernier se détermine notamment par la « gestion désintéressée ». Globalement cela veut dire que tous les bénéfices sont réinvestis dans la structure

Aujourd’hui, de plus en plus d’entrepreneurs sociaux font appel au mécénat pour se développer. Cela amène à se poser la question de ce qu’est l’intérêt général et où sont ses frontières ? Avant on avait l’entreprise à but lucratif d’un côté et les OSBL (NDLR : Organisation Sans But Lucratif) de l’autre. Aujourd’hui ces deux mondes sont de plus en plus en interaction et s’hybrident. Dans le secteur non lucratif se développe une certaine forme de lucrativité et dans les entreprises dites classiques apparait le « social business ».

Trouver un mécène est-ce le parcours du combattant ?

Non mais cela devient de plus en plus difficile car les subventions sont à la baisse et les prétendants au mécénat sont de plus en plus nombreux. Résultat le secteur se professionnalise tant du point de vue des mécènes que des porteurs de projets.

Le mécénat au-delà de la fiscalité

Pour ADMICAL on définit le mécénat comme le fait de se mettre au service d’une cause générale et on parle de l’avantage fiscal en second temps. Jacques Rigaud disait que Bercy avait gardé en travers de la gorge le dispositif fiscal du mécénat. C’est à la fois sa force et sa faiblesse. On parle trop souvent du mécénat sous l’angle fiscal. Prouver que le mécénat est pratiqué parce que ça fait du sens pour l’entreprise ou l’entrepreneur de s’impliquer dans sa communauté, son écosystème au sens large, c’est montrer le vrai visage du mécénat : celui de la générosité, de l’implication, de la responsabilité. L’avantage fiscal s’applique dans la limite de 0.5% du chiffre d’affaire mais l’entreprise peut donner le montant qu’elle souhaite au-delà du cadre fiscal. Cela devient un acte de générosité engagé où la notion de l’intérêt général est vraiment bien ancrée.

La vision du futur ?

Le futur c’est le mécénat collectif. Actuellement le mécénat est majoritairement dans une logique binaire entre une entreprise et une association. Mais au regard de l’ampleur des enjeux de sociétés, pour faire mieux avec la même somme il faut s’associer pour avoir plus d’impact. Regrouper les mécènes et les associations autour de projets communs.

Le jouer collectif chez ADMICAL nous le mettons également à l’œuvre.  Nous avons lancé Avenir Mécénat une plateforme de participation citoyenne.  Elle est ouverte aux citoyens et aux entreprises de toutes taille et permet à tout un chacun de soutenir, enrichir notre plaidoyer pour le mécénat de demain. Plus la participation sera importante, plus nous aurons les moyens de défendre et développer le mécénat.

Le tour de France du Mécénat

Il a pour objectif de donner à plus d’entrepreneurs et d’entreprise l’envie de faire du mécénat. De par la demande croissante il est important de faire grandir le nombre de mécènes 14% d’entreprises mécènes, c’est bien mais on peut mieux faire. Pourquoi pas 25% d’ici 2025 ! Nous observons un phénomène très nouveau et encourageant : de plus en plus de start-up se créent en intégrant la dimension du mécénat dès leur lancement. C’est une vraie différence avec les entreprises traditionnelles… L’autre objectif est de faire prendre conscience aux dirigeants qu’ils sont souvent mécènes sans le savoir :  tutorer un jeune, aider un créateur de micro-entreprise… C’est du mécénat de compétences ! Les dirigeants ont tout intérêt à le faire savoir.

Le tour de France a commencé à Reims en décembre 2016 et va durer 2 ans avec une vingtaine d’étapes. Nous développons en parallèle un réseau de formateurs en région pour aider les futurs nouveaux mécènes. A moyen terme, notre but est également d’inciter à la création de clubs de mécènes et de pôles mécénat en région.

Le collective impact : Le mécénat de demain sera collectif ou ne sera pas.

ADMICAL a permis la création de l’Alliance pour l’éducation. Il s’agit d’un collectif de mécènes pour qui la lutte contre le décrochage scolaire est une cause majeure, urgente qui nécessite une action plus concertée et collective, et une approche globale à 360° (l’élève, les enseignants, la famille… C’est un très bel exemple de Collective Impact.

Pour améliorer notre connaissance de cette approche, nous faisons un voyage d’étude à Boston avec des adhérents d’ADMICAL. Notre objectif est de participer au développement de cette méthode qui a fait ses preuves aux USA mais qui reste largement à développer en Europe et France, bien sûr avec un prisme pour l’adapter à notre culture !

Le mot de la fin ?

Le mécénat contribue à ré-humaniser l’entreprise dans un contexte de compétition accrue. Il participe à une symbiose entre les intérêts privés de l’entreprise et l’intérêt général.

 

Pour en savoir plus :

Visiter le site d’ADMICAL

Visiter AVENIR MECENAT le site de consultation sur le mécénat

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